
Genève, le 28 août 2025
Soumise au vote le 28 septembre 2025, l’initiative 180 « Pour + de logements en coopérative » se veut un instrument de progrès. Mais elle est en réalité un outil de blocage, aux objectifs irréalistes, aux arguments trompeurs et aux lourdes conséquences. Pour éviter d’aggraver la crise qui frappe déjà notre canton et de péjorer l’accès au logement des Genevois, il convient de combattre l’IN180 avec vigueur et de la refuser dans les urnes.
Une généralisation de l’expropriation pour atteindre des objectifs imposés
L’IN180 a pour objectif de créer 11’000 logements coopératifs d’ici 2030. Très mal ficelée, elle souhaite obliger les collectivités publiques à utiliser massivement la préemption, l’expropriation et le recours au fonds LUP pour obtenir les terrains utiles à cet objectif. Trois mécanismes dont l’utilisation, en plus d’être particulièrement extrême et problématique, oblige à ne construire qu’une seule catégorie d’habitations, selon le Tribunal fédéral (ATF 1C 608/2022) : des logements d’utilité publique (LUP) destinés aux revenus les plus modestes.
Aucun logement « libre » mais uniquement des contrôles de revenus et d’occupation
Alors qu’actuellement, on construit 2500 habitations par an à Genève, en moyenne, ce texte vise à créer plus de 11’000 logements coopératifs d’ici 2030. Ainsi, si l’initiative est acceptée, presque tous les nouveaux logements seront proposés ces prochaines années sous la forme de coopératives LUP, et en aucun cas de coopératives à loyer dit « libre ». Leur accès sera donc conditionné à l’achat de parts sociales prohibitives pour les plus bas revenus (entre 10’000 et 50’000 francs selon la taille de l’objet) et soumis à un contrôle strict des revenus et du taux d’occupation peu compatible avec les réalités de la classe moyenne.
Des loyers plus chers que ceux des appartements locatifs de la même catégorie
Si l’on ajoute à cela les surcoûts liés au droit de superficie, la pilule devient aussi dure à avaler que l’omission devient évidente dans l’argumentation des initiants : ces derniers martèlent que les loyers seront plus bas dans ces nouveaux logements en coopérative, mais cela ne serait vrai que si l’on pouvait ignorer le coût des parts sociales et du droit de superficie inhérent à ce type de logement. C’est impossible – les loyers ne seront pas moins chers que dans des locatifs ordinaires de la même catégorie (LUP). Ces logements seront, en réalité, inaccessibles au plus grand nombre.
Une aggravation de la pénurie avec une restriction de l’offre
Aujourd’hui, c’est un fait, la pénurie touche tous les types d’habitations à Genève (locations, achats, sociaux, coopératives) et pour en sortir, il faudrait un panachage dans les nouveaux projets de construction : des coopératives, oui, mais aussi tous les autres types d’habitats dans l’éventail immobilier. Imposer de ne construire qu’un seul type de logements (LUP) pour les années à venir ne répond pas aux besoins des Genevois. Cela risque au contraire d’aggraver la crise actuelle, par manque de diversité dans l’offre. Au surplus, les blocages administratifs et judiciaires que l’utilisation de la préemption et l’expropriation ne manqueront pas de provoquer ralentiront encore le rythme des nouvelles constructions, qui est déjà largement insuffisant.
Une initiative extrême à rejeter
Ce texte prône des moyens extrêmes sans pour autant répondre aux besoins criants en habitations des Genevoises et Genevois. Ainsi, la grande majorité sera touchée par une aggravation de la crise si cette initiative est acceptée. C’est l’une des principales raisons de notre vive opposition à l’IN180. Nous invitons la population à prendre connaissance de l’ensemble de nos arguments sur le site in180.ch et à rejeter dans les urnes ce texte trompeur, irréaliste et dangereux, le 28 septembre prochain.