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Les experts se succèdent et le message est le même: l’IN180 est un piège. Aujourd’hui, c’est Vincent Leroux (SVIT Romandie) qui le dit dans la TdG.

IN 180: une fausse solution qui aggrave la pénurie

Genève traverse une pénurie de logements historique. Au 1er juin, le taux de logements vacants s’établissait à 0,34 %. C’est le plus bas du pays. Autrement dit, il n’y a presque aucune habitation à louer ou à acheter dans le canton.

Dans le même temps, la création de logements a nettement ralenti : seulement 2 549 logements construits en 2024, pour un gain de 2 082 une fois les démolitions déduites. C’est bien moins que les plus de 3 500 logements construits en 2023. Incontestablement, l’offre de logements recule.

Face à ce constat, l’initiative 180 « Pour + de logements en coopérative », sur laquelle le peuple votera le 28 septembre, promet un raccourci séduisant : porter les logements en coopérative à 10 % du parc cantonal d’ici à 2030, en mobilisant les outils de préemption, d’expropriation et le fonds LUP.

Sur le papier, les chiffres impressionnent : plus de 11 000 logements à créer en quelques années. Mais ramené aux capacités réelles du canton (environ 2 500 logements construits par an ces dernières années), cela signifierait consacrer pratiquement toute la réalisation des futures habitations à un seul modèle de logement, au détriment de la diversité nécessaire. Une approche rigide qui ignore la réalité des besoins.

Plus grave : les moyens imposés par l’initiative n’ajoutent pas d’offre nette. Le recours à la préemption, à l’expropriation et au fonds LUP oriente ces opérations vers du logement d’utilité publique contrôlé (revenus et taux d’occupation), pas vers des coopératives à loyers libres. Autrement dit, on déplace des projets LUP « classiques » vers des LUP sous forme coopérative, sans créer de logements supplémentaires, tout en multipliant les contraintes et les délais.

On objectera sans doute que « coopérative » rime avec « abordable ». Et que, dans un marché où les loyers sont élevés, cette solution serait la bienvenue. C’est partiellement vrai, car l’accès à une coopérative suppose généralement d’acheter des parts sociales qui peuvent atteindre des montants significatifs et constituent un obstacle réel pour les ménages modestes. Qui plus est, l’IN 180, en verrouillant les instruments publics, exclut de facto les coopératives à loyers libres. Là encore, on rétrécit l’entonnoir au lieu de l’ouvrir.

Genève dispose déjà de leviers puissants pour accélérer la création de logements sans confiscation du sol privé. Le projet Praille–Acacias–Vernets (PAV) représente le plus grand potentiel de logements du canton. La Fondation PAV, qui gère ce projet, prévoit notamment 40 % de coopératives sur ses terrains. C’est un choix clair en faveur du modèle coopératif dans un cadre maîtrisé, sans bouleverser l’équilibre global de l’offre.

En voulant étatiser la création de logements, l’IN 180 se trompe de combat. L’urgence est de réduire les délais de mise sur le marché de logements d’habitation. Aujourd’hui, la durée médiane entre le dépôt d’une demande d’autorisation de construire et la fin des travaux atteint cinquante-deux mois pour un immeuble d’habitation. Soit quatre ans et quatre mois ! Simplifier, digitaliser, mieux coordonner et désengorger les recours abusifs permettrait d’apporter de nouveaux logements rapidement.

En tant que président du SVIT Romandie, je défends une politique du logement équilibrée et efficiente, qui se fonde sur trois principes.

Le premier est d’accélérer les procédures : mise en place de guichets uniques, calendriers opposables, recours filtrés et objectifs de délais pour chaque étape.

Le deuxième principe est d’activer pleinement le foncier public (État, communes, fondations) en priorité, avec un mix de statuts (LUP, coopératives, PPE, locatif libre) répondant aux besoins réels des Genevois.

Le principe est de favoriser les partenariats public-privé : contractualiser des quotas de logements abordables sans rigidifier tout le pipeline, pour sécuriser l’investissement et livrer plus vite.

L’IN 180 fait fausse route. En imposant l’expropriation et la préemption systématiques, elle crée un climat d’insécurité juridique et sociale qui décourage l’investissement et ralentit les chantiers. C’est exactement l’inverse de ce qu’il faut faire en pleine pénurie de logements ! Qui plus est, en limitant l’offre à un seul type de modèle, elle fragilise l’équilibre du marché et pénalise de nombreux ménages qui n’entrent pas dans les critères LUP.

Bref, un dispositif contre-productif, coûteux et qui pourrait ralentir encore plus la création de logements, ce que personne ne souhaite.

✍️ Vincent Leroux

Président du SVIT Romandie
(https://epaper.tdg.ch/article/500/500/2025-09-24/19/136519324)

Chaque voix compte 
✉️ Le 28 septembre, votons NON à l’IN180.
Pour des logements diversifiés et construits sans contrainte idéologique !

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